Ce mardi 26 juin avait lieu la seconde matinale du MASE MEDITERRANEE-GIPHISE consacrée à la remontée d’information, les causeries et les visites sécurité vecteur d’une démarche de prévention. Une vingtaine d’entreprises ont répondu présent à ce second rendez vous.

Madame Marie Véronique DEYDIER, Présidente du MASE Méditerranée Giphise a ouvert la séance en rappelant l’objet des matinales. “Il s’agissait de regrouper des entreprises adhérentes partageant un enjeu commun : la prévention et l’amélioration continue dans les domaines de la santé sécurité et de l’environnement autour de thèmes choisis par les entreprises adhérentes elles mêmes.

Après avoir traité du bilan annuel il y a quelques semaines, le choix s’est porté cette fois ci sur le sujet des causeries, des visites sécurité et des situations dangereuses. Le thème était animé par Franck BOULITEAU, gérant du cabinet ANTHEA CONSEILS, agréé pour les audits de certification MASE ». 

De nombreux échanges entre les participants ont permis de dégager et de partager plusieurs constats

Parmi ceux ci :

La remontée terrain au plus tôt est difficile mais essentielle

  • La remontée d’informations du terrain par les opérationnels, directement au plus tôt est indispensable, sans quoi l’exposition prolongée de personnes à des dangers occasionnera à un moment ou un autre un ou des accidents plus ou moins graves.
  • Sans remontée donc, pas de prévention
  • Toute remontée de situation dangereuse est un accident évité dès lors qu’elle est traitée. Toute situation dangereuse non remontée, constitue un accident possible.
  • La remontée d’information ne se décrète pas. Un processus d’apprentissage de tous est nécessaire : la direction, l’encadrement, les opérateurs doivent apprendre et accepter de faire évoluer leurs perceptions, leur pratiques managériales ou opérationnelles.
  • Remonter des situations dangereuses pour les traiter nécessite bien souvent de faire évoluer les comportements et le management.
  • S’il n’y a pas de recette miracle pour remonter les informations et les situations dangereuses, l’apprentissage peut s’organiser par des actions de prévention régulières, continues et variées. Les causeries, les visites sécurité constituent d’excellents vecteurs.
  • Là non plus, pas de modèle pré-déterminé, mais la volonté chaque fois que possible de mobiliser les équipes en les rendant acteurs par tout moyen. La prévention et les actions correspondantes (causeries, 1/4 d’heures sécurité, visites ou audits terrain) ne doivent pas être l’affaire du seul responsable HSE.

Les actions de prévention opérationnelles favorisent la développement d’une culture SSE, 

  • Les causeries, réunions informelles, opérationnelles de courte durée (ex 1/4 heure Sécurité) sont un moyen de faire parler. 
  • La causerie n’est pas une conférence universitaire. 
  • Autant que possible elle est réalisée sur le terrain. 
  • Les sujets peuvent être spontanés (pour lancer une phase de travail, suite au constat d’une situation ou un comportement dangereux, une difficulté opérationnelle, … ou planifiés (ex : échange sur un ou des risques issus du document unique, échange sur une règle d’or, un axe de la politique SSE, …)
  • Les visites sécurité peuvent être programmées ou spontanées,
  • L’animation des causeries comme des visites ne relève pas du seul responsable SSE
  • Les visites sécurité doivent pouvoir s’appuyer autant que possible sur l’observation et l’échange autour d’une activité en cours (le travail réel plutôt que le travail prescrit)

Un personnel de terrain acteur et pas seulement spectateur,

  • Être acteur, et plus seulement spectateur, c’est permettre à chacun d’exprimer son avis, de proposer et d’agir. 
  • Agir en prévention c’est aussi apprendre petit à petit à ne plus accepter ce qui a pu l’être par le passé, c’est accepter de changer, apprendre l’humilité et ne plus accepter d’être un simple spectateur critique et inopérant. 
  • Agir c’est comprendre, agir c’est apprendre, agir c’est évoluer.
  • N’oublions pas que le savoir technique, la connaissance du milieu sont détenus par les opérateurs. Les contraintes générées par l’utilisation de tel ou tel équipement, de telle ou telle méthode ou de tel ou tel outil sont bien souvent connues des opérateurs eux mêmes.
  • L’opérateur de terrain sera à même dans bien des cas de proposer des solutions opérationnelles pertinentes, qu’il acceptera plus facilement puisque ce seront bien souvent les siennes. C’est aussi prendre en compte les réalités du terrain et du travail réel, c’est reconnaître et valoriser l’intelligence du terrain

Adapter les actions de prévention aux buts recherchés et aller au bout des actions

  • La fréquence des actions de prévention doit être adaptée à l’entreprise, à l’effectif et aux buts recherchés : la prévention, la remontée d’informations, le développement d’une culture SSE partagée.
  • Faire remonter des informations par les opérateurs de terrain n’est pas chose aisée. Tous ne sont pas à l’aise pour remonter des informations dont ils ne savent pas toujours comment elles seront entendues. Parfois certains peuvent croire que les situations sont connues depuis bien longtemps et que rien n’a été fait, que rien ne sera fait.
  • La réactivité pour les actions correctives est essentielle. Les actions immédiates doivent être encouragées. Ne pas remettre au surlendemain ce qui aurait du être traitée l’avant veille. Comment  rester crédible en acceptant d’exposer les personnes plus longtemps à des situations dangereuses, qui par définition pourraient provoquer un accident ? 
  • Comment rester cohérent en mettant la pression aux opérateurs pour des remontées spontanées plus immédiates sans réactivité ensuite dans la réalisation des actions correctives ?
  • Privilégier d’abord les actions immédiates. Ensuite, et seulement ensuite, en fonction de la gravité potentielle et du contexte, d’autres analyses pourraient être conduites pour des actions plus profondes.
  • Savoir communiquer sur les actions réalisées, même les plus simples, c’est encourager, promouvoir les remontées et leur utilité. C’est simplement une forme de respect et de reconnaissance du travail accompli et des résultats.

La prévention c’est bien souvent changer les comportements, le management, d’autres facteurs méritent toutefois d’être pris en compte

  • Si le facteur humain est la plupart du temps en cause dans les accidents du travail, focaliser l’action sur les seuls opérateurs est bien souvent trop réducteur et injuste. Il s’agit aussi de s’interroger sur l’organisation du travail, le management ou les méthodes de travail.
  • Sans une exemplarité managériale et comportementale, rien n’est possible.
  • La pédagogie n’est pas antinomique avec la rigueur, la discipline et le respect des règles.

En conclusion,

Nous ne connaissons pas la recette miracle absolue pour obtenir des résultats pérennes. La prévention, exercice ô combien difficile, mobilise de l’exigence, du pragmatisme, de la rigueur, de la discipline et de la patience. 

Impliquer, faire faire, plutôt que faire, comprendre et faire comprendre par l’action plutôt que d’imposer des obligations c’est développer la culture Sécurité : « “Plus les actes sont dictés par des convictions et non pas par la réglementation ou les obligations contractuelles, plus la culture SSE de l’entreprise est forte » (extrait de l’exigence MASE – 2.3 “SAVOIR-ETRE” (culture SSE/comportement)